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Le Cygne

  • Photo du rédacteur: laissezvivresoname
    laissezvivresoname
  • il y a 1 jour
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 20 heures


Quand le vilain petit canard devient cygne

Et que du cygne noir, il devient cygne de lumière



Il existe des êtres qui naissent dans un étang qui n’est pas fait pour eux.

Ils glissent pourtant sur la même eau que les autres, respirent le même air, suivent les mêmes saisons. De l’extérieur, rien ne les distingue vraiment. Mais à l’intérieur, ils sentent très tôt que quelque chose ne coïncide pas.


Leur nage est différente.

Leur rythme est autre.

Leur regard se pose plus loin que la surface.


C’est ainsi que commence l’histoire du vilain petit canard.


Non pas parce qu’il serait mal formé, mais parce que l’étang dans lequel il est né ne sait pas lire sa forme. Les autres canards se reconnaissent entre eux sans effort. Ils savent instinctivement comment avancer, quand suivre le mouvement, quand rester groupés. Lui aussi essaie. Mais chaque geste lui demande une attention intérieure. Chaque adaptation lui coûte un peu.


Alors, sans même qu’on le lui dise clairement, il comprend qu’il est “différent”. Et comme il est sensible, il ne conclut pas que le monde est étroit ; il conclut que quelque chose ne va pas chez lui.


C’est ainsi que le vilain petit canard devient vilain : le jour où il commence à se regarder à travers des yeux qui ne sont pas faits pour lui.


Peu à peu, il apprend à se contenir. À nager un peu moins largement. À cacher ce qui déborde. À taire ses élans quand ils paraissent trop vastes pour l’étang. Il devient discret, attentif, adaptable. Il confond l’amour avec l’effort pour appartenir. Il confond la paix avec le fait de ne pas faire de vagues.


Extérieurement, il survit.

Intérieurement, il se rétrécit.


Et pourtant, au fond de lui, quelque chose continue de battre. Comme une mémoire ancienne, comme le souvenir d’un autre plan d’eau qu’il n’aurait jamais vu mais qu’il reconnaîtrait immédiatement.


Puis vient un moment charnière. Un moment que le conte décrit toujours à voix basse. Un instant où l’eau se calme. Où le vent cesse de troubler la surface. Où le vilain petit canard, fatigué de s’adapter, s’approche du bord sans chercher à se juger.


Il se penche.

Il regarde.


Et cette fois, il ne cherche pas à corriger ce qu’il voit.


Le reflet qui apparaît n’est pas celui d’un canard raté. Il est étrange, allongé, encore maladroit… mais cohérent. Quelque chose, dans la forme, dans la ligne, dans la présence, lui semble juste. Et une pensée nouvelle traverse doucement son cœur :


Et si je n’étais pas mal fait… mais mal placé ?


C’est une immense avancée, même si elle passe inaperçue. Car à partir de cet instant, il ne peut plus croire entièrement à l’erreur qu’il portait sur lui-même. Il ne sait pas encore comment être cygne. Il ne sait pas encore où aller. Mais intérieurement, quelque chose se redresse. Il se reconnaît déjà cygne, avant même d’en avoir les ailes déployées.


Après cette reconnaissance, l’étang ne devient pas hostile. Il devient simplement trop étroit. Chaque tentative de s’y conformer recommence à faire mal. Rester commence à coûter plus cher que partir. Alors, un jour, sans cri, sans drame, le vilain petit canard s’éloigne.


Le chemin est long. Les eaux sont plus froides. Les nuits plus silencieuses. Ses plumes s’assombrissent sous l’effet du vent et de la traversée. Il n’est plus le vilain petit canard… mais pas encore cygne reconnu. Il devient cygne noir.


Le cygne noir n’est pas celui qui s’est perdu. Il est celui qui a cessé de se mentir. Il avance seul, non par orgueil, mais parce qu’il ne peut plus retourner à l’ignorance de lui-même. Il traverse des eaux profondes où nul ne le regarde. Il apprend à ne plus attendre d’être reconnu. À ne plus mendier l’amour. À se tenir droit sans miroir.


Le noir n’est pas l’absence de lumière.

Il est la saison où l’on laisse tomber les illusions.


Cette traversée est rude. Elle dépouille. Elle enlève ce qui n’était pas essentiel. Mais elle construit quelque chose de fondamental : un axe intérieur. Une verticalité. Le cygne noir apprend à exister sans se réduire.


Et puis, un jour, sans que rien ne soit décidé, quelque chose se détend. Le cygne noir cesse de lutter contre la traversée. Il cesse de vouloir arriver quelque part. Il se pose simplement là, au bord d’une eau immobile.


La lumière du matin touche alors ses plumes.


Elle ne les efface pas.

Elle les traverse.


Le noir devient profondeur.

La profondeur devient lumière.


C’est ainsi que naît le cygne de lumière.


Il n’apparaît pas dans un éclat spectaculaire. Il glisse sur l’eau avec une évidence tranquille. Sa lumière n’est pas criante. Elle est stable, incarnée, habitée. Il n’a plus besoin d’être vu pour savoir qui il est. Il n’a plus besoin d’être choisi pour exister.


Ceux qui le croisent ne savent pas toujours ce qui les touche. Mais quelque chose, en eux, se calme. Se redresse. Se souvient.


Le vilain petit canard n’était pas une erreur.

Il était un cygne sans miroir.

Le cygne noir n’était pas une chute.

Il était une traversée.

Le cygne de lumière n’est pas un idéal.

Il est ce qui apparaît quand l’âme cesse enfin de se renier.


Et à toi qui lis cette histoire, si elle te touche, ce n’est pas un hasard.


Peut-être reconnais-tu quelque chose de toi dans ce vilain petit canard qui n’a jamais su pourquoi il se sentait différent. Peut-être as-tu, toi aussi, longtemps cru que tu devais te corriger pour appartenir, te contenir pour être aimé, t’effacer un peu pour ne pas déranger l’étang.


Si ces mots résonnent, c’est peut-être que toi aussi, un jour, tu as regardé ton reflet dans une eau troublée, sans encore savoir ce que tu voyais vraiment.


Alors reçois ceci, doucement.


Il n’y a rien de cassé en toi.

Rien à réparer.

Rien à devenir.


Si tu t’es senti vilain petit canard, ce n’est pas parce que tu étais imparfait, mais parce que ton étang n’était pas fait pour lire ta lumière. Et si tu traverses encore le noir, ce n’est pas que tu t’es perdu, mais que tu apprends à ne plus te trahir.


Sache que le moment où l’âme se reconnaît intérieurement comme cygne, même timidement, même sans preuve, même dans l’ombre , est déjà un passage irréversible. À partir de là, quelque chose s’est remis en place. Une vérité tranquille. Un axe doux. Une lumière qui n’a plus besoin de forcer.


Tu n’as pas à te presser.

Tu n’as pas à prouver.

Tu n’as pas à convaincre.


L’eau se calmera d’elle-même.

Le reflet deviendra plus clair.

Et sans effort, sans combat, la lumière passera à travers toi.


Car le cygne de lumière n’est pas un idéal à atteindre.

Il est ce qui apparaît naturellement quand tu cesses de te regarder avec des yeux qui ne savent pas te reconnaître.


Alors avance.

Glisse.

Respire.


Et souviens-toi :

tu n’es pas en train de devenir autre chose.

Tu es simplement en train de te souvenir de ce que tu as toujours été.



☀️ Grégory Wagner

Médium-Lumière · Activateur et Restaurateur du Divin

📍 En cabinet ou à distance







 
 
 

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©2020 par Grégory Wagner.

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