
Ce que nous avons accepté
- laissezvivresoname

- 5 nov.
- 3 min de lecture
Il y a des choses que nous avons acceptées sans jamais vraiment les choisir. Des choses qui se sont tissées en nous bien avant que nous apprenions à parler. Bien avant même de savoir ce qu’était un consentement, nous avions déjà dit oui. Oui à ce qui faisait mal, oui à ce qui pesait trop lourd, oui à ce qui ne nous appartenait pas.
C’est souvent par amour que tout a commencé. Nous avons vu notre mère se taire, avaler ce qui la blessait, sourire alors que ses yeux étaient fatigués. Nous l’avons vue accepter pour ne pas déranger, pour ne pas perdre, pour ne pas briser ce qui tenait encore debout. Et parce que nous l’aimions, parce que son cœur était notre maison, nous avons voulu l’alléger. Nous avons pris ce qu’elle n’avait plus la force de porter. Nous avons accepté à sa place. Nous avons soutenu ce qui aurait dû la soutenir. Et sans même nous en rendre compte, nous avons inscrit au plus profond de nous que l’amour, c’est accepter. L’amour, c’est porter. L’amour, c’est se taire.
Mais il y a aussi eu le père, ou l’autorité, ou le climat de la maison. Cet endroit où le non n’avait pas le droit d’exister. Où dire non, c’était risquer la colère, la distance, le silence, la honte. Parfois un père autoritaire, parfois simplement une ambiance où l’enfant devait être sage, poli, conforme. Alors nous avons appris très tôt que pour survivre, il fallait se plier. Que pour rester aimé, il fallait se taire. Le non est devenu dangereux, interdit, impensable.
Et plus tard, devenus grands, nous avons continué de vivre comme ces enfants-là. Nous avons accepté. Accepté qu’on nous parle mal. Accepté d’être choisi en dernier. Accepté d’aimer sans être aimé pareil. Accepté de tout donner pour presque rien. Accepté d’être la terre d’accueil des colères des autres, des absences, des manques. Accepté d’être celle ou celui qui comprend toujours, qui pardonne toujours, qui reste toujours. Nous avons accepté tellement que, sans le voir, nous avons franchi une frontière invisible : celle où accepter devient se maltraiter.
Et pourtant, dans cette acceptation, il n’y avait pas de faiblesse. Il y avait de l’amour. De la fidélité. De la peur aussi. La peur de décevoir. La peur d’abandonner celle qui nous a donné la vie. La peur de provoquer la colère de celui qui posait la loi. La peur de ne plus être aimé.
Alors nous avons accepté… jusqu’à nous perdre.
Un jour pourtant, quelque chose se fissure. Ce n’est pas une révolte. C’est un murmure. Une petite voix à l’intérieur qui dit : “As-tu encore envie de vivre ainsi ?” Et soudain, tout ce qui était normal ne l’est plus. Ce que maman a supporté n’est plus sacré. Ce que papa a imposé n’est plus vérité. Ce que l’on croyait devoir répéter devient insupportable.
Ce jour-là, le cœur comprend : accepter tout n’est pas aimer.
Accepter l’inacceptable, ce n’est pas être bon : c’est s’oublier.
Et l’amour véritable ne demande jamais cela.
Alors quelque chose s’ouvre : le droit de dire non. Non à la répétition. Non à ce qui détruit. Non à ce qui humilie. Non, pas par violence. Pas par vengeance. Mais par dignité. Par amour pour soi. Par amour pour la vie.
Dire non ne veut pas dire rejeter sa mère. C’est parfois l’honorer davantage :
“Maman, je t’aime, mais ta douleur s’arrête en moi.”
“Je ne porterai plus ce qui t’a blessée. Je ne répéterai pas ce qui t’a enfermée. Je te rends ce qui est à toi, avec amour, avec respect.”
Dire non ne veut pas dire défier le père. C’est parfois lui rendre son rôle, et reprendre le sien :
“Papa, je t’aime, mais j’ai le droit d’exister autrement que dans la peur.”
Et alors, doucement, un autre oui apparaît. Un oui différent. Un oui qui ne trahit pas.
Oui, je mérite d’être respecté.
Oui, je mérite un amour réciproque.
Oui, je mérite la paix.
Oui, je peux me choisir sans abandonner personne.
C’est cela, la véritable guérison : ne plus accepter ce qui nous détruit, et accueillir enfin ce qui nous élève
☀️ Grégory Wagner
Médium-Lumière · Activateur · Guérisseur
📍 En cabinet ou à distance





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